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Tiempo suspendido

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9 fotografías (incluso variaciones de ellas) - Fiesta de barrio, Tokio - Julio de 2015 - Color

 

«Il me parlait de Sei Shônagon, une demoiselle d'honneur de la princesse Sadako au début du XIè siècle, la période de Heian. «Sait-on jamais où se joue l'histoire? Les gouvernants gouvernaient, ils s'affrontaient dans des stratégies compliquées. le vrai pouvoir était détenu par une famille de régents héréditaires, la cour de l'Empereur n'était plus qu'un lieu d'intrigues et de jeux d'esprit. Et ce petit groupe d'oisifs a laissé dans la sensibilité japonaise une trace autrement profonde que toutes les imprécations de la classe politique, en apprenant à tirer de la contemplation des choses les plus ténues une sorte de réconfort mélancolique... Shônagon avait la manie des listes: liste des «choses élégantes», des «choses désolantes» ou encore «des choses qu'il ne vaut pas la peine de faire». Elle eut un jour l'idée d'écrire la liste des «choses qui font battre le coeur». Ce n'est pas un mauvais critère, je m'en aperçois quand je filme. Je salue le miracle économique, mais ce que j'ai envie de vous montrer, ce sont les fêtes de quartiers.»

 

Chris Marker, Sans Soleil.

 

 

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J’ai payé la tournée au bistrot de Namidabashi : ce genre d’endroit permet l’égalité du regard. Le seuil au-dessous duquel tout homme en vaut un autre, et le sait. Il me disait la jetée d’embarquement sur l’île de Fogo, au Cap-Vert. «Depuis combien de temps sont-ils là à attendre le bateau ? Patients comme des cailloux, mais prêts à bondir. C’est un peuple d’errants, de navigateurs, de parcoureurs du monde. Ils se sont créés à force de métissages sur ces rochers qui servaient aux Portugais de gare de triage entre leurs colonies. Peuple du rien, peuple du vide, peuple vertical. Franchement, a-t- on jamais rien inventé de plus bête que de dire aux gens, comme on l’enseigne dans les écoles de cinéma, de ne pas regarder la caméra ?»

Chris Marker, Sans Soleil.

 

 

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«Il aimait la fragilité de ces instants suspendus, ces souvenirs qui n'avaient servi à rien qu'à laisser, justement, des souvenirs. Il écrivait «Après quelques tours du monde, seule la banalité m'intéresse encore. Je l'ai traquée pendant ce voyage avec l'acharnement d'un chasseur de primes.

À l'aube, nous serons à Tokyo.»

«Il m'écrivait d'Afrique. Il opposait le temps africain au temps européen, mais aussi au temps asiatique. Il disait qu'au XIXè siècle l'humanité avait réglé ses comptes avec l'espace, et que l'enjeu du XXè était la cohabitation des temps.»

Chris Marker, Sans soleil.